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CORRESPONDANCE

ce vénérable habit de collège et que nous mangions les fromages de Neufchâtel du père Degouay. Comme c’est vieux ! comme il a coulé de l’eau sous le pont depuis ! comme j’ai déjà usé de bottes et regardé brûler de chandelles ! Qu’est-ce que sont devenus tous ceux qui étaient avec nous ?… établis, dispersés, crevés, oubliés, mariés, cocus, députés, etc., etc. Tout cela est drôle. Et « le Garçon » ? y penses-tu quelquefois ?

Adieu, cher vieux camarade, le ciel te tienne en joie ; je t’embrasse.

À toi.

Aurais-tu la bonté d’envoyer à Croisset un simple mot à ma mère, lui disant que tu as reçu de mes nouvelles et que je me porte bien ? Tu me rendras service.


259. À LOUIS BOUILHET.
Entre Girgeh[1] et Siout. [4 juin 1850.]

Et d’abord, mon cher Monsieur, permettez-moi de vous adresser l’hommage de mon admiration frénétique pour le morceau que tu m’as envoyé sur Don Dick d’Arrah. C’est taillé ! voilà du style ! Sérieusement, c’est fort beau. Je viens de le relire encore une fois et d’en rire comme trois cercueils ouverts. Il y a là des reprises et des mouvements de maître tout à fait crânes. Ce vieux Richard ! ça m’a donné une envie de boire de sa bière, que la langue m’en pêle. Je vois le sable qui parsème le

  1. Djirdjeh.