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DE GUSTAVE FLAUBERT.

pas à Jérusalem avant le 1er  ou le 15 juillet, probablement, et à Constantinople avant octobre ou novembre ; au reste il est impossible d’avance de rien indiquer de précis. Ce qu’il y a de certain, c’est que l’hiver prochain, en janvier ou février, tu verras ton pauvre fieu. Prends donc patience, pauvre mère ; le temps passe, nous voilà à moitié. La seconde moitié passera plus vite que la première. Comme nous causerons dans nos fauteuils, au coin du feu ! Depuis ma dernière lettre d’Esneh, partie le 26 avril, je n’ai rien de nouveau à te dire, si ce n’est que j’ai tous les doigts noircis de nitrate d’argent, pour avoir aidé mon associé, hier, à Herment[1], dans ses travaux photographiques. Il s’est développé en lui une rage de natation qui aurait pu devenir désastreuse, si on n’avait fini par le prier de cesser. Il se jetait dans le Nil, en pleine eau, sans faire attention qu’il y a beaucoup de crocodiles ; cependant, sur nos remontrances, il a cessé. C’est un bien bon bougre ! Nos santés continuent à être superbes et nos mines ressemblent de plus en plus à des pipes extra-culottées !

Adieu, pauvre chérie ; je n’ai plus que le temps de t’embrasser de tout mon cœur. À toi.


257. À SA MÈRE.
Entre Kaft et Keneh, 16 mai 1850.

Nous avons quitté (enfin et hélas !) Thèbes hier matin. Il y a de quoi y rester longtemps et

  1. Erment.