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CORRESPONDANCE

le grand ouvrage d’Égypte, le volume de planches d’antiquités. M. Pottier (ou l’ami Lebreton) se fera un plaisir de te montrer ça. Au reste, cet ouvrage n’est pas rare, quelque particulier l’a peut-être.

Voilà, il me semble, une longue lettre, pauvre chère vieille. Qu’elle t’arrive vite, qu’elle te remonte, qu’elle te fasse du bien, comme un bon vent frais, ranimant. Adieux, je t’envoie toute ma tendresse.


256. À SA MÈRE.
Thèbes, amarrés au rivage de Louqsor, 3 mai 1850.

Il est quatre heures et demie du matin. Je me lève à la hâte, pauvre chère mère, pour t’envoyer ce mot à Keneh, à l’agent français qui le fera passer au Caire. Je fais partir un exprès à cheval pour le porter et me rapporter des lettres de toi, s’il y en a. Serai-je plus heureux à Keneh qu’à Assouan ? Dieu le veuille !

Nous sommes arrivés hier au soir à Thèbes, à neuf heures. Nous nous sommes promenés dans Louqsor au clair de lune. Elle se levait derrière les enfilades des colonnes, éclairant de grandes ruines. Ah ! comme le ciel est beau ici, pauvre vieille, quelles étoiles, quelle nuit ! Nous n’avons encore rien vu de Thèbes, mais ce doit être magnifique ! Nous allons y rester une quinzaine, j’imagine, car c’est immense, et comme nous voulons bien voir et ne pas nous échigner, nous prendrons notre temps. Par ce système, aucun de nous n’a été encore fatigué. Je vois que nous ne serons