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CORRESPONDANCE

moi ? Un Persan en costume !… Je viens de passer une partie de mon après-midi chez ce brave Pradier qui m’a fait de belles théories sur les voyages… Quand cette lettre t’arrivera, tu auras déjà dû recevoir une carte d’Égypte que j’ai recommandée au père Molard… Je pense à toi sans cesse, ton idée m’accompagne partout. Oui, pauvre chérie, va, aie bon espoir ; je te ferai de beaux récits de voyage, nous causerons du désert au coin du feu ; je te raconterai mes nuits sous la tente, mes courses au grand soleil… Nous nous dirons : oh ! te rappelles-tu comme nous étions tristes, et nous nous embrasserons, nous rappelant nos angoisses du départ.

Allons, à demain. Tu voulais prendre le chemin de fer pour venir ici, et moi donc, quelles tentations j’avais de descendre aux stations !

Adieu, pauvre chérie, encore un bon baiser ; bonne nuit.


229. À SA MÈRE.
Paris, 28 octobre [1849].

Tu me parles de la bêtise que tu as eue de croire à la prédiction du petit morceau de papier. Je la comprends, car je la partage, quoiqu’en général, en fait de présages, l’esprit est ainsi fait que l’on croit surtout aux mauvais. (Quand on en a de bons on en doute, quand il vous en arrive de mauvais, cela vous fait peur…) Bouilhet est arrivé ce matin à 11 h. Nous dînons ce soir tous les trois ensemble avec Théophile Gautier, qui a remis