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DE GUSTAVE FLAUBERT.

227. À SA MÈRE.
Paris, vendredi, 26 octobre 1849.

Une journée de passée, pauvre vieille, c’est sans doute la pire. Comme tu as dû t’ennuyer aujourd’hui ! Je me figure ta bonne mine pensive… J’attends demain matin une lettre de toi… Il est bien convenu entre Max et moi que si, une fois l’Égypte vue, nous nous sentons fatigués ou que l’ennui de toi me prenne ou que tu me rappelles, je reviens. Ainsi ne te tourmente pas par avance, sois sans crainte ; il me semble que l’envie de te revoir me ferait revenir à travers tout. Oh ! comme je t’embrasserai au retour, pauvre vieille !…


228. À SA MÈRE.
Paris, samedi, 27 octobre [1849].

La journée d’aujourd’hui m’a semblé moins longue que celle d’hier, pauvre chère vieille, quoique j’aie été moins occupé. Ainsi j’espère peu à peu me faire à notre absence ; mais toi ? J’attendais avec impatience ta bonne lettre. Quoique par métier je fasse du style, je ne sais que te dire, car j’aurais tant de choses à te dire !

Hier au soir, après t’avoir écrit, j’ai été à l’Opéra voir le Prophète. C’est magnifique ; ça m’a fait du bien, j’en suis sorti rafraîchi, émerveillé, et plein de vie. Devine qui est-ce qui est venu s’asseoir à côté de