théorie des éclipses, lequel a l’esprit
bougrement éclipsé,
Tu me plains, mon cher Ernest, et pourtant suis-je à plaindre, ai-je aucun sujet de maudire Dieu ? Quand je regarde au contraire autour de moi dans le passé, dans le présent, dans ma famille, mes amis, mes affections, à peu de chose près je devrais le bénir. Les circonstances qui m’entourent sont plutôt favorables que nuisibles. Et avec tout cela je ne suis pas content ; nous faisons des jérémiades sans fin, nous nous créons des maux imaginaires (hélas ! ceux-là sont les pires) ; nous nous bâtissons des illusions qui se trouvent emportées ; nous semons nous-mêmes des ronces sur notre route, et puis les jours se passent, les maux réels arrivent, et puis nous mourons sans avoir eu dans notre âme un seul rayon de soleil pur, un seul jour calme, un ciel sans nuage. Non, je suis heureux. Et pourquoi pas ? Qui est-ce qui m’afflige ? L’avenir sera noir peut-être ? Buvons avant l’orage ; tant pis si la tempête nous brise, la mer est calme maintenant.
Et toi aussi ! Je te croyais pourtant plus de bon sens qu’à moi, cher ami. Toi aussi tu brailles des sanglots ! Eh mon Dieu ! qu’as-tu donc ? Sais-tu que la jeune génération des écoles est furieusement bête ? Autrefois elle avait plus d’esprit ; elle s’occupait de femmes, de coups d’épée, d’orgies ; maintenant elle se drape sur Byron, rêve de désespoir et se cadenasse le cœur à plaisir. C’est à qui