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9. AU MÊME.
Rouen, ce 11 septembre 1833.
Cher Ernest,

Je ne profite point de la même occasion que toi pour t’écrire parce que le domestique de ton oncle devait partir aujourd’hui. Ce n’est point là la cause, car en une journée j’aurais eu le temps de t’écrire une lettre, mais c’est qu’il a dit à Pierre qu’il fallait que la réponse fût portée chez l’abbé Motte[1] avant sept heures du matin, et comme je ne suis point matinal je n’aurais pu te faire une réponse honnête avant sept heures du matin.

Voici deux lettres que je t’écris et pour ces deux lettres tu ne m’as fait qu’une réponse, et encore elle n’est point grande. Tu voudras bien dire à tes bons parents qu’il est presque certain que nous n’aurons point le plaisir de les aller voir, parce que maman a reçu des nouvelles de Pont-l’Évêque qui ne sont point rassurantes. Tu peux être bien sûr que s’il ne tenait qu’à moi il y aurait déjà longtemps que je serais au sein de ta famille et dans les bras de mon cher Ernest.

Tu m’engages à faire des répétitions, mais je ne puis beaucoup travailler aux pièces toi n’y étant pas, c’est égal, nous vivons, c’est le principal.

Je tâcherai de faire de mon mieux que le théâtre soit soigné. Un des fils de Monsieur Viard m’a donné une fort bonne idée pour les portes de côté, c’est d’y mettre des baguettes et la manière dont elles doivent être mises aura un résultat

  1. Oncle d’Ernest Chevalier.