jours de repos m’ont tout à fait dérangé. Pour le moment, mon sujet me manque entièrement. Je ne vois plus l’objectif. La chose à dire fuit au bout de mes mains quand je veux la saisir.
J’ai jeté les yeux sur l’Éducation[1] avant-hier au soir. Tu auras du mal à t’en tirer. Il y a beaucoup de ratures qui sont à peine indiquées. Comme c’est inexpérimenté de style, bon Dieu ! Va… Il faut que je t’aime bien pour te faire de pareilles confidences à cette heure. J’abaisse mon orgueil littéraire devant ton désir. En somme tu verras que ce n’est pas raide !
Adieu chère Louise, j’embrasse tes yeux.
À toi.
Je t’envoie ici un bon baiser sur le front et deux autres sur les joues. Ah ! encore une fois, quelle misère à moi c’est que d’avoir été te faire cadeau de ma personne. Tu valais mieux que ça. En échange de ton or, je t’ai donné du fumier. Est-ce la faute au fumier, s’il n’est plus paille fraîche ? Oui, restons amis, écrivons-nous de temps à autre. Fie-toi à moi toujours, comme si j’étais resté encore sur ce piédestal où ton amour m’avait hissé. Maintenant qu’elle est à bas, la statue, n’est-ce pas
- ↑ L’Éducation sentimentale (Œuvres de jeunesse inédites, III).