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DE GUSTAVE FLAUBERT.

tenir dans une thèse qu’il n’y en a pas eu une de bonne depuis qu’on en fait, que ça ne sert à rien qu’à embêter les auteurs et à abrutir le public, et enfin qu’on fait de la critique quand on ne peut pas faire de l’Art, de même qu’on se met mouchard quand on ne peut pas être soldat. Je voudrais bien savoir ce que les poètes de tout temps ont eu de commun dans leurs œuvres avec ceux qui en ont fait l’analyse ! Plaute aurait ri d’Aristote s’il l’avait connu ! Corneille se débattait sous lui ! Voltaire, malgré lui, a été rétréci par Boileau ! Beaucoup de mauvais nous eût été épargné dans le drame moderne sans W. Schlegel. Et quand la traduction de Hegel sera finie, Dieu sait où nous irons ! Et qu’on ajoute les journalistes par là-dessus, eux qui n’ont pas même la science pour cacher leur lèpre jalouse ! Je me suis laissé aller par ma haine de la critique et des critiques, si bien que ces misérables m’ont pris toute la place pour t’embrasser, mais malgré eux c’est ce que je fais. Ainsi donc, avec leur permission, mille grands baisers sur ton beau front et sur tes yeux si doux et…


159. À LA MÊME.
En partie inédite.
Samedi soir, 1 h. de nuit [Croisset, 17 octobre 1846.]

Tu veux donc me rendre fou d’orgueil, moi qu’on accuse déjà d’en tant avoir ! Voilà maintenant que tu m’admires, que tu me places à part des autres hommes, bien haut sur le piédestal de ton