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CORRESPONDANCE

de désagréable à entendre comme l’éloge d’un ami, quand il est répété surtout. Dans la lettre que j’ai reçue de lui, il me propose de partir avec lui pour Nîmes, comme si je le pouvais ! S’il s’en va de Paris le 18, il est presque certain que je ne le verrai qu’après son retour, car la commission ne se rassemblera que la semaine prochaine. Au reste, le secrétaire de la commission doit m’écrire, dans un jour ou deux, ce qu’on va faire. Si, par le plus grand des hasards, c’était fini d’ici à peu, je filerais immédiatement. Combien notre ami sera-t-il de temps absent ?

Du Camp recevra dimanche matin (il doit arriver je crois dans la nuit) ton mot. Il s’y rendra bien sûr, s’il le peut, car il est charmant. Sais-tu que ce serait drôle ton dîner, tel que tu l’avais projeté, avec Toirac, Du Camp, Phidias. J’aurais l’air du maître de maison qui invite ses amis chez lui. Comme il a plu aujourd’hui, on n’est pas sorti, et il a fallu faire la conversation. Ah Dieux ! le grec en a souffert, et moi aussi, et puis les enfants. Décidément, quoique ça soit bien gentil, je n’aime pas les moutards ; ils ressemblent trop aux hommes. Les sentiments factices sont assommants, mais les naturels jouissent quelquefois de ce privilège. J’ai éprouvé aujourd’hui la justesse de cette maxime.

Adieu cher amour, mille baisers ; pense à moi (il n’est pas besoin de te le dire n’est-ce pas ?) ; envoie-toi dans la glace deux bons baisers de ma part.

À toi.