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DE GUSTAVE FLAUBERT.

nière à m’en fatiguer (mais ça me revient malgré moi)

Avec ta bouche rose et tes blonds cheveux d’ange,
....................

Adieu ma toute chérie, je t’embrasse partout. C’est surtout le matin et le soir que je pense à toi. Ton image me vient avec le jour et me berce, à demi engourdi, quand je m’endors.

Encore mille tendresses et mille baisers.


154. À LA MÊME.
En partie inédite.
Jeudi soir, 10 h. [8 octobre 1846.]

Quand ma journée est finie et que j’ai assez pensé, écrit, lu, rêvé, bâillé, quand je suis saoul de travail et que j’éprouve la fatigue de l’ouvrier sur le soir, je me repose dans ton souvenir, comme sur un bon lit ; je me livre à toi, je t’aspire et ça me rafraîchit, et ça m’égaye, ainsi que ces bonnes brises nocturnes qui vous pénètrent l’âme de vie et de jeunesse. On ouvre sa fenêtre, on ouvre son cœur, pour s’emplir de ce quelque chose d’innommé qui est si doux et si grand. Il me semble que la nuit est faite pour un ordre d’idées tout particulier et autre que celui où nous vivons tout le jour ; c’est le moment des soupirs, des désirs, du souvenir et de l’espoir ; c’est là que, seule et éveillée, la pensée plane à l’aise entre la terre et le ciel, comme ces oiseaux qui vivent dans les nuages. Le corps