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CORRESPONDANCE

chez G. Sand ; c’est son ami intime et son camarade d’enfance.

N’aie pas peur que je fasse la cour à ma cousine la Champenoise ; l’idée m’en a fait rire. C’est une de ces figures qui n’excite pas. Ma belle-sœur a vu tantôt ton portrait qu’elle ne connaissait pas. Elle a d’abord trouvé que tu ressemblais à une dame de sa connaissance ; puis en le regardant de plus près, elle a trouvé que non et, faisant attention aux papillotes : « Est-ce qu’elle en a autant que ça ? — Oui. C’est comme des oreilles de caniche ! » Voilà son éloge. J’ai trouvé ça drôle. Et moi, ai-je pensé, je suis le berger de ce caniche.

Adieu chère aimée, mille baisers sur tes beaux yeux et sur ces longues papillotes dont je vais quelquefois respirer un peu l’odeur dans la petite pantoufle à crevés bleus ; car c’est là que j’ai serré la mèche. La mitaine est dans l’autre, la médaille à côté, et à côté les lettres.


145. À PRADIER.
Croisset, près Rouen, lundi matin.
[21 septembre 1846.]

Une fois que vous avez rendu service aux gens, on n’entend plus parler de vous. Quand vous vous êtes remué pour eux, vous croyez avoir tout fait. Vous vous trompez ; il serait bien aimable de leur donner signe de vie quelquefois. Quand vous venez à Rouen, vous ne me faites pas de visites ; et, quand je vais à Paris, on ne vous trouve pas. Vous serez bien forcé, au moins cette fois, de me