Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 1.djvu/333

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
285
DE GUSTAVE FLAUBERT.

pour les lire, on a inventé l’imprimerie pour les répandre. Ah ! oui, l’amour de Glycère ou de Lycoris passera encore par-dessus les civilisations futures. L’Art, comme une étoile, voit la terre rouler sans s’en émouvoir, scintillant dans son azur ; le Beau ne se détache pas du ciel.

Mais allons ! tout cela te fâche. Que te dire donc ? que je t’embrasse. Je n’ai guère de place, mais je t’envoie tout de même, à travers ces lignes pressées, un long et tendre baiser, comme à travers des barreaux.


132. À LA MÊME.
En partie inédite.
Mercredi, 11 h. du soir. [2 septembre 1846.]

Que ta lettre de ce matin était bonne et douce, pauvre amie ! J’y ai vu les larmes que tu avais versées en l’écrivant, et qui, çà et là, avaient taché certains mots. Ta douleur m’afflige ; tu m’aimes trop, ton cœur est trop prodigue. Il y a d’excellentes choses dans les conseils de Phidias ; il est fâcheux seulement que les conseils presque toujours aient cela de fâcheux qu’on ne puisse les suivre. Si tu pouvais l’imiter, ce bon Phidias, tu serais plus tranquille, sinon plus heureuse. C’est un homme sage, celui-là, et qui ne demande pas à la vie plus de joies qu’elle n’en comporte et qui ne va [pas] chercher le parfum des orangers sous les pommiers à cidre. Aussi, quel ordre dans son