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CORRESPONDANCE

il me pénètre, je m’y noie. Oh ! que ta tête était belle, toute pâle et frémissante sous mes baisers ! Mais comme j’étais froid ! Je n’étais occupé qu’à te regarder ; j’étais surpris, charmé. C’est maintenant, si je t’avais… Allons, je vais revoir tes pantoufles. Ah ! elles ne me quitteront jamais celles-là ! Je crois que je les aime autant que toi. Celui qui les a faites ne se doutait pas du frémissement de mes mains en les touchant. Je les respire ; elles sentent la verveine et une odeur de toi qui me gonfle l’âme.

Adieu ma vie, adieu mon amour, mille baisers partout. Que Phidias m’écrive, je viens. Cet hiver il n’y aura plus moyen de nous voir ; mais je viendrai à Paris pour trois semaines au moins. Adieu, je t’embrasse là où je t’embrasserai, là où j’ai voulu ; j’y mets ma bouche. Je me roule sur toi.

Mille baisers. Oh ! donne-m’en ! Donne-m’en !


116. À LA MÊME.
En partie inédite.
Dimanche matin 10 heures. [9 août 1846.]

Enfant, ta folie t’emporte. Calme-toi ; tu t’irrites contre toi-même, contre la vie. Je t’avais bien dit que j’avais plus de raison que toi. Crois-tu aussi que je ne sois pas à plaindre ? Ménage tes cris ; ils me déchirent. Que veux-tu faire ? Puis-je quitter tout et aller vivre à Paris ? C’est impossible. Si j’étais entièrement libre, j’irais ; oui, car