Paris. Il partit triste de quitter les siens, sa sœur surtout.
À Paris, il habitait rue de l’Est un petit appartement de garçon où il se trouvait mal installé. Les plaisirs bruyants et faciles de ses camarades lui semblaient bêtes, il n’y participait guère. Alors il restait seul, s’enfermait, ouvrait un livre de droit qu’il rejetait aussitôt, s’étendait sur son lit, fumait et rêvait beaucoup. Il s’ennuyait démesurément et devenait sombre.
Seul, l’atelier de Pradier le réchauffait un peu ; il y voyait tous les artistes de l’époque et, à leur contact, il sentit grandir ses instincts. Un jour il y rencontre Victor Hugo. Des femmes y viennent, c’est là qu’il voit pour la première fois Mme Louise Colet. Il fréquentait aussi souvent les jolies Anglaises de Trouville, le salon de l’éditeur Maurice Schlesinger et la maison hospitalière de l’ami de son père, le docteur Jules Cloquet, qui un été l’entraîna dans les Pyrénées et en Corse. L’Éducation sentimentale a été composée avec des souvenirs de cette époque.
Mais malgré l’amitié, malgré l’amour sans doute, l’ennui, un ennui sans bornes, l’envahissait. Ce travail contraire à ses goûts lui devenait intolérable, sa santé s’en altéra sérieusement, il revint à Rouen.
Le mariage de ma mère, l’année suivante sa mort, et peu de temps après celle de mon grand-père, laissèrent ma grand’mère dans un tel chagrin qu’elle fut heureuse de conserver son fils près elle. Paris et l’École de droit furent abandonnés. C’est alors qu’il fit, accompagné de Maxime Du Camp, le voyage en Bretagne qu’ils ont écrit ensemble sous le titre : Par les Champs et par les Grèves.
De retour, il se mit à Saint Antoine, sa première grande œuvre : elle avait été précédée de bien d’autres dont quelques fragments ont été publiés depuis sa mort. Le Saint Antoine composé alors n’est pas celui connu du public. Cette œuvre fut reprise à trois