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CORRESPONDANCE

trouvé « un jour un boyau de mouton neutralisé sans odeur ». Comme il y a longtemps de ça ! Pauvre vieux ! sais-tu que c’était beau, mes voyages de Pâques aux Andelys et la prodigieuse vigueur de blague que j’avais alors ! Quelles pipes ! Comme nous avions peu de retenue dans nos propos ! C’était plaisir. Nous bravions tout à fait l’honnêteté, comme eût dit Boileau, et nous respections peu le lecteur français.

Voici deux choses que je te demanderai : 1o Il y a à Bastia ou à Ajaccio, plus probablement à Bastia, des libraires qui ont publié des recueils de « Ballata » corses. Aurais-tu l’amabilité de m’en acheter quelques-uns ? 2o Je désirerais m’occuper de l’histoire de Sampier Ornano qui vivait vers 1560-70. Penses-tu que je puisse avoir en Corse quelque renseignement particulier sur cet homme et sur cette époque ? Je voudrais connaître l’état de la Corse de 1550 environ à 1650, la seconde moitié du XVIe siècle et la première du XVIIe environ. Si tu ne trouves rien tout de suite, je t’en reparlerai plus au long dans ma prochaine lettre.

Adieu, mon vieux bougre. Tout à toi, tu le sais.


98. À ALFRED LE POITTEVIN.
Croisset, mardi soir, 10 heures et demie
[fin juin-début juillet 1845.]

Encore dans mon antre !

Encore une fois dans ma solitude !

À force de m’y trouver mal, j’arrive à m’y trouver bien ; d’ici à longtemps je ne demande pas