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CORRESPONDANCE

l’embêtement et je trouve qu’il devrait s’écrire avec trois H aspirées et un triple accent grave.

Ma mère a été bien fâchée de n’avoir pu rencontrer Madame Vasse ; mais elle est restée trop peu de temps à Paris pour pouvoir retourner chez elle. Nous irons tous à Paris au mois de mars, et là j’espère avoir encore avec toi une ou deux heures de nos bonnes causeries d’autrefois. Présente mille respects affectueux à ta famille de la part des miens et surtout de la mienne ; je me souviens toujours de la façon franche et aimable dont j’étais reçu dans votre maison.

Adieu, cher ami, je te serre les mains.


91. À ALFRED LE POITTEVIN.
Nogent-sur-Seine, 2 avril 1845.

Nous aurions vraiment tort de nous quitter, de dérayer de notre vocation et de notre sympathie. Toutes les fois que nous avons voulu le faire, nous nous en sommes mal trouvés. J’ai encore éprouvé à notre dernière séparation une impression pénible qui, pour apporter avec elle moins d’étonnement qu’autrefois, est toujours pleine de chagrin. Voilà trois mois que nous étions bien l’un et l’autre ensemble, seuls, seuls en nous-mêmes et seuls à nous deux. Il n’y a rien au monde de pareil aux conversations étranges qui se font au coin de cette sale cheminée où tu viens t’asseoir, n’est-ce pas, mon cher poète ? Sonde au fond de ta vie et tu