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CORRESPONDANCE

biterez, Seigneur, s’il vous plaît de m’honorer de votre compagnie, de me gratifier de votre présence, de me cadotter de votre conversation, etc… à moins que vos graves occupations ne vous en empêchent. Dans ce temps-là, j’espère, je serai plus gaillard et nous pourrons fumer le calumet en regardant l’eau couler.

Écris-tu quelque fois au jeune Dumont ? Fais-lui mes amitiés ainsi qu’à ce vieux Coutil. Adieu, je t’embrasse, mille choses aux tiens, tout à toi.


90. À EMMANUEL VASSE.
À Rouen [janvier 1845].

Merci, mon vieux, de la lettre que tu m’as envoyée avec le Murtius ; je n’en avais pas besoin pour savoir que tu pensais à moi, car j’en étais sûr sans cela. Il y a des gens sur lesquels on compte ; je t’ai toujours mis du nombre. Je me rappellerai longtemps nos nuits d’été de la rue de l’Est, où le café et le tabac nous entouraient, quand je faisais mes illuminations de bougies et que j’étalais avec orgueil mes bottes splendidement vernissées. Apprends donc que cette passion n’est pas partie de mon âme de décrotteur, et que dernièrement enfin j’ai reçu de Paris le reste de ma fameuse bouteille, et que je m’exerce encore à ce grand art de faire briller les chaussures. Je n’en ai plus besoin (de chaussures), car je ne sors pas de ma chambre. Je ne vois personne, sauf Alfred Le Poittevin ;