Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 1.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
142
CORRESPONDANCE

fonneries, pour lequel je donnerais jusqu’à ma dernière facétie, jusqu’à ma dernière goutte de salive. Si bien que seul, parfois, dans ma chambre, je fais des grimaces dans la glace ou pousse le cri du « Garçon », comme si tu étais là pour me voir et m’admirer ; car je m’ennuie bien de mon public.


81. À LA MÊME.
Paris, [juillet] 1843.

Je suis bien aise, vieux biquet, que les deux courses que tu as faites à la Neuville ne t’aient pas fatiguée. Ça donne bon espoir pour le voyage. Ménage-toi d’ici là, chère enfant ; reste couchée tard et soigne bien la pauvre fille de ta mère. Si vous m’avez regretté samedi et dimanche dernier, vous n’étiez pas les seules et je ne me suis pas précisément amusé. Ah ! qu’il est temps que tout cela finisse ! Je crois que, quand même je serais refusé, j’en serais content, car au moins j’en serais débarrassé. Je prie maman de ne pas engager M. Getillat à solliciter pour moi auprès des messieurs qui peuvent être de sa connaissance. J’en serais fort humilié et tous ces tripotages-là ne sont pas de mon genre. Passe encore de se faire recommander par les amis ; mais par des dames, c’est un peu canaille, un peu trop pour moi. D’ailleurs les hommes comme moi ne sont pas faits pour être refusés à des examens. Je tâche de me remonter le toupet et de faire le crâne ; néanmoins je ne suis pas raide. Peut-être est-ce un excès de modestie ?