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Herbert[1] a sauté à mon cou avec de grands transports de joie et toute sa famille m’a parfaitement reçu. Je suis invité à dîner pour aujourd’hui, ce que j’ai accepté.

Pourquoi ne dessines-tu pas, mon pauvre rat ? Est-ce que l’Art ne doit pas consoler de tout ? ce qui est facile à dire. Rappelle-toi l’arrière-boutique de Montaigne, que tu as admirée, et tâche de t’en faire une. Travaille, lis, dévore du Lingard ; le temps passera plus vite. Pour moi, dès mardi ou mercredi, je vais me mettre à piocher raide et j’espère en un mois avoir fini mon examen et retourner avec vous pour quelque temps.


69. À LA MÊME.
Paris, 16 novembre 1842.

Quand j’ai fini ma journée, et avant de me coucher, je vous donne à tous pour la nuit une bonne et dernière pensée. C’est ce que je fais maintenant. Dors-tu bien à cette heure-ci, mon bon rat ? Il me semble que je te vois couchée dans ton petit lit, les rideaux fermés, le poêle brûlant, et toi ronflant avec ta bonne mime sous ton bonnet.

Quand tu étais couchée et malade, tu n’avais personne pour te lire, pour te faire des « Lugartin », des « Antony » et des « journalistes de Nevers ». Dans trois semaines, tu me verras revenir,

  1. Herbert Collier, frère de Henriette et Gertrude Collier, voir p. xvi.