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marbre, j’y vais m’y promenant, paisible, enveloppé de la fumée de mon cigare et regardant à travers les femmes qui passent. C’est là que la prostitution s’étale, c’est là que les yeux brillent ! — Je ne sais pas où je vais loger. Hamard s’est chargé de cela.

Il paraît, mon vieux, que nous ne nous verrons pas d’ici à longtemps ; qu’est-ce donc que tu fous aux Andelys pour [y] rester cinq ou six mois ? Tu vas y vivre en bourgeois, allant fumer au Château-Gaillard et regardant de là les carrioles qui passent sur le pont, te piétant sur le seuil de la porte et te chauffant au soleil. Tu auras, j’espère, bien le temps de m’écrire. Quant à moi, je crois que je ferais bien de renoncer à passer mon examen au mois d’août : je ne sais presque rien, pour mieux dire, rien. Il me faut encore bien une quinzaine de jours pour le Droit romain, et quant au Droit français, J’en suis à l’article 100 ; mais je serais joliment collé si on m’en demandait un seul de ces cent-là. Quand je pense que j’ai encore 3 ans d’une aussi jolie perspective, c’est à crever de rage.

J’ai vu hier Narcisse. Il vient en partie à Rouen pour consulter mon père. Il est maigri et n’a guère bonne mine. Il m’a donné des nouvelles de vous tous, car jamais on ne voit un membre de ta famille […] et si ce n’est le vieux […] de père Motte, personne de vous ne nous honore de la moindre visite. Néanmoins embrasse bien les tous de ma part, ton père, ta mère, la mère Mignot, Madame Motte pour laquelle j’ai toujours un bout de passion. Je suis furieux de ne pas nous voir plus souvent. C’est ridicule d’avoir d’ex-