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leur donnait une teinte blanche et vaporeuse. Tous les rochers à fleur d’eau scintillaient comme du diamant et à notre gauche les buissons de myrtes embaumaient. J’ai pensé à toi, ma bonne Caroline, et à la joie que tu aurais à voir tout cela. Tu as bien raison d’aimer gens et sites ; tout est admirable. Cet hiver, au coin du feu, nous en parlerons longuement tout en tisonnant.

Apprends une bonne fortune : nous serons guidés jusqu’à Corte par un ancien bandit de mes amis, actuellement commandant des voltigeurs corses ; puis je pourrai te lire la relation exacte et circonstanciée de la mort de Murat : M. Maltedo, chez lequel nous avons logé à Vico, est un ancien capitaine de vélites du roi de Naples, qui l’a suivi jusqu’à sa mort et qui, pour son dévouement, a été longtemps détenu dans les prisons d’Italie et de France.


45. À ERNEST CHEVALIER.
[Rouen, 14 novembre 1840.]

Ça me semble une bonne chose de t’écrire, mon père Ernest, mais je ne sais pas, sacré nom de Dieu, où tu loges ; est-ce rue des Mathurins-Saint-Jacques, 26, ou rue Racine, ou dans quelque maison de passe dont j’ignore l’adresse ? Tâche de me le dire prochainement. Va-t’en voir un gredin nommé Hamard[1], qui demeure rue Saint-Hyacinthe-Saint-Michel (25 ?), et dis-lui qu’il m’écrive

  1. Émile Hamard, camarade et ami de Gustave Flaubert ; il épousa, en 1845, sa sœur Caroline.