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qui est de son caractère et de son humeur, il est excellent ; mais le reste ?

Adieu, tout à toi, écris-moi entre la poire et le fromage.


43. À CAROLINE FLAUBERT, SA SŒUR.
Marseille, 29 septembre 1840.

Joli rat, j’ai reçu votre lettre à Toulouse où vous me mandez que le chagrin n’empêchait pas vos criques de manger des gigots. Je suis content qu’une santé si chère soit toujours bonne et ma seule inquiétude était qu’elle ne se dérangeât pendant mon absence.

Nous sommes arrivés ce matin à Marseille, après nous être embarqués à Toulouse par le canal du Midi et avoir vu Castelnaudary, les écluses de Saint-Ferréol, Carcassonne, où nous sommes restés un jour, Narbonne, Nîmes, le pont du Gard et Arles. Tu ne peux pas te figurer ce que c’est que les monuments romains, ma chère Caroline, et le plaisir que m’a procuré la vue des Arènes.

Je suis réduit, ainsi que mes compagnons de voyage, au dénuement le plus complet et nous sommes tous panés et râpés. Je n’ai pour tout bien que trois chemises et mon gros pantalon d’hiver, pour me délecter sous un ciel cuisant. Ah mâtin ! Mes malles qui devaient nous retrouver à Bagnères-de-Luchon sont encore à venir. Malédiction sur le roulage et sur la sotte idée qui nous a fait nous séparer de nos paquets ! J’ai appris, à propos d’inconvénients de voyage, que votre retour de