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SOUVENIRS INTIMES.


Ces pages ne sont point une biographie de Gustave Flaubert ; ce sont de simples souvenirs : les miens et ceux que j’ai pu recueillir.

La vie de mon oncle s’est passée tout entière dans l’intimité de la famille, entre sa mère et moi : la raconter, c’est le faire connaître, aimer et estimer davantage ; je crois ainsi accomplir un devoir pieux envers sa mémoire.

Avant la naissance de Gustave Flaubert, mes grands-parents avaient eu trois enfants ; l’aîné, Achille, de neuf ans plus âgé, et deux autres morts petits ; puis vinrent Gustave et un autre garçon qui mourut à quelques mois. Enfin ma mère, Caroline, fut la dernière.

Elle et son jeune frère s’aimaient d’une tendresse particulière. Séparés seulement par trois années, les deux petits ne se quittaient guère ; à peine Gustave a-t-il appris quelque chose qu’il le répète à sa sœur ; il fait d’elle son élève ; un de ses grands plaisirs est de l’initier à ses premières compositions littéraires. Plus tard, quand il sera à Paris, c’est à elle qu’il écrit, c’est elle qui transmettra aux parents les nouvelles quotidiennes, car cette douce communauté de pensées ne se perd pas.