Page:Flat - Nos femmes de lettres.djvu/61

Cette page n’a pas encore été corrigée

II

MADAME LUCIE DELARUE-MARDRUS


Parmi la pureté du matin triomphant,
Je vais, le souvenir encore si frais dans l’âme,
Du temps où je n’étais qu’un embryon de femme,
Qu’il me semble donner la main à quelque enfant.

L’herbe est froide à mes pieds comme de l’eau qui coule.
La mer au bord des prés vient chanter son bruit clair,
Et la falaise aussi déferle dans la mer,
De tout le terrain jaune et mou qui s’en éboule.

Les troupeaux, comme au long d’un poème latin.
Paissent avec des ronds de soleil sur leur croupe,
Et les oiseaux de mer ont abattu des groupes
Que chaque vague berce à son rythme incertain.

Et la prée, et les eaux également étales,
Sourient si bien à mes matineux errements.
Que je voudrais pouvoir entre mes bras normands.
Prendre en pleurant ma mer et ma terre natales…