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chapitre premier.

sait, était monarchiste : par tempérament et par raisonnement, il considérait le principe monarchique comme une nécessité ; à la royauté il associait le catholicisme, les jugeant unis de manière indissoluble, et en cela il pensait excellemment, car il avait pénétré les causes d’évolution de cette forme religieuse qui, sous l’influence des hommes et des institutions, aboutissait à des conséquences en tout opposées à celles qu’avaient prévues ses premiers fondateurs[1]. Lorsque Balzac, convaincu de l’utilité sociale du catholicisme, écrivait qu’il y voyait un système complet de répression des tendances dépravées de l’homme, et le plus grand élément d’ordre, il ne disait rien qui ne fût exactement juste ; car il faut être aveugle ou fanatisé par la passion pour ne pas constater dans la religion le plus salutaire des freins individuels, la sauvegarde irremplaçable de la moralité du grand nombre. Mais quand, à côté de cette première vue et immédiatement après elle, Balzac en formulait une autre comme celle-ci : « La Pensée, principe des maux et des biens, ne peut être préparée, domptée, dirigée que par la religion », il oubliait les premiers principes qu’il avait posés. En vérité ce n’était pas la peine d’avoir édifié tout un système scientifique subordonné aux seules causes naturelles, pour en venir finalement à l’intervention d’une cause supra-terrestre dominant et expliquant toutes choses. Il semble qu’il y ait eu

  1. C’est là une idée que Renan a reprise et développée dans maint passage de ses études religieuses