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la préface de la « comédie humaine » .

s’arrêta à Geoffroy Saint-Hilaire et ne connut rien des théories darwiniennes. On peut se demander, on doit même se demander l’application qu’il en eût faite aux lettres, s’il avait vécu de notre temps, si, au lieu d’appartenir à la première moitié de ce siècle, — car son effort intellectuel ne dépasse guère cette moitié, — il avait écrit à partir de 1860. Quels points de vue nouveaux et féconds il en eût su tirer !

La belle loi d’unité de composition, empruntée à Geoffroy Saint-Hilaire, qu’il cite avec enthousiasme, tout en reconnaissant qu’elle avait été pressentie bien avant qu’on en vînt à la formuler nettement, le conduit à briser le cadre désormais trop étroit de sa précédente doctrine : comparaison entre l’humanité et l’animalité. « Il n’y a qu’un animal », dit-il plus loin. Le mot est lâché ; l’idée lui servira à étager toute sa conception sociale. Lors même que les découvertes des naturalistes et son impérieux besoin de généralisation ne l’eussent point amené à proclamer, comme savant, l’exactitude de cette loi, sa puissance de vision et les saisissantes analogies physionomiques entre certains types humains et les représentants de l’animalité la lui auraient imposée comme artiste. Les exemples sont innombrables au cours de ses œuvres, dans les minutieuses descriptions qu’il fait des particularités physiques de ses personnages, de l’obsession inquiétante qui s’impose à son cerveau en face de ces analogies.

Une fois posée la loi d’unité de plan et sorti du domaine de la nature pour entrer dans le domaine de