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avant-propos.

Ne sont-ce point, en effet, deux choses identiques et réciproquement convertibles que l’étude de certains problèmes palpitants de la vie, et l’examen, en ses portions capitales, de l’œuvre de Balzac ? Là réside son modernisme au regard des artistes, ce mot signifiant l’intensité de suggestion exercée sur nos âmes par tel ou tel écrivain. C’est ainsi, par exemple, que la sensibilité féminine ayant été examinée par lui sous la plupart de ses aspects, une étude des principaux types de femmes, surtout des femmes contristées et torturées par l’existence, se trouvera être en même temps une étude de la sensibilité féminine. Émettre cette idée, c’est indiquer le but et la limite même de notre effort : cet effort ne doit pas porter seulement sur les jugements, sur la critique à faire de tel ou tel ouvrage, sur les contradictions qu’il peut enfermer ; il dépasse de beaucoup et dans un sens tout différent tel ou tel type concret, pour s’attaquer au fond même de l’âme féminine, successivement envisagée par Balzac dans des milieux et des situations diverses, comme en présence d’autant de réactifs qui nous aident à pénétrer le secret de son essence !

Le point de vue auquel nous nous plaçons ici, qui a suggéré le chapitre des Femmes malheu-