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120 CHAPITRE V. Cette vie au couvent est la partie la plus intéres- sante de l'histoire d'Esther ; car, à compter du mo- ment où elle sera redevenue, dans les mains de Vautrin, le moyen de faire parvenir Lucien, Estlier nous apparaîtra, au milieu de cette peinture des dessous de l'existence parisienne, une figure de second plan, toute pâle, tout effacée : «Que faut-il faire? s'écria-t-elle fanatisée. — M'obéir aveuglé- ment, dit Carlos. Et de quoi pourriez-vous vous plaindre? Il ne tiendra qu'à vous de vous faire un beau sort. Une fois nos affaires faites , notre amou- reux est assez riche pour vous rendre heureuse... — Heureuse! dit-elle en levant les yeu.x: au ciel. — Vous avez eu quatre ans de paradis, reprit-il; ne peut-on vivre avec de pareils souvenirs? — Je vous obéirai, répondit-elle, en essuyant une larme dans le coin de ses veux. Ne vous inquiétez pas du reste. Vous l'avez dit, mon amour est une maladie mortelle. » Quelle scène que celle où Esther, résignée, vêtue en ouvrière, et installée dans une misérable chambre garnie, attend l'arrivée de Nucingen! Le contraste préj)aré par Vautrin entre la jeunesse de la char- mante fille et le milieu sordide dans lequel il la pré- sente au vieux banquier, évoque en notre mémoire de troublants souvenirs, et la mystérieuse poésie de certauK's j)lanches des Caprices de Goya, où l'illustre fantaisiste nous montre de jeunes vierges livrées à de vieux déljauchés ! Néanmoins, dans la création de Balzac, différents nous ap})araisseut par ceitains jxjjnts les personnages représentés ! A Nucin-