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les inventions

péries, du vent, de la pluie, de la neige, du brouillard, du froid, bien fermées, tout en nous conservant la lumière du jour et la vue des choses extérieures. Ainsi abrités, nous pouvons vivre tranquillement, travailler, manger et dormir. L’ouvrier peut confectionner ses œuvres, l’ingénieur peut tracer ses plans, l’industriel préparer ses combinaisons, le musicien peut écrire ses symphonies, l’artiste peut peindre ou sculpter ; le poète, l’écrivain, l’historien peuvent mettre sous nos yeux de nobles exemples, de sublimes pensées, ou s’envoler en descriptions qui enchanteront, charmeront, consoleront, instruiront des milliers de lecteurs. Ce verre, aussi, c’est le microscope qui nous a fait pénétrer au sein des arcanes de l’infiniment petit, et c’est le télescope qui nous transporte dans les immensités infinies et nous met en face de la splendeur des cieux. Je ne puis voir un morceau de verre sans en être ému, le considérant comme supérieur, de toute la hauteur du ciel, à tous les canons et à toutes les bombes, opprobre de l’humanité. Et encore ! que d’ustensiles fabriqués de verre, ne seraient-ce que les bouteilles et les verres ! On n’y songe pas, mais buvez donc, à table, les meilleurs vins dans des tasses de terre ou dans des écuelles de bois !

Voici une allumette. Ce n’est rien non plus en apparence ; c’est insignifiant ; créer du feu à volonté, quoi de plus simple ! Nous n’y songeons pas, en vérité. J’ai connu le temps, dans mon enfance, à l’époque dont je parle ici, où c’était encore impossible. Si l’on voulait avoir du feu, il fallait le conserver sous la cendre, et pour le transmettre, pour allumer une chandelle, je voyais ma grand’mère