ments de l’industrie que presque personne ne songe à rendre justice aux travaux de l’esprit humain qui les ont amenés. Personnellement, il est rare que je monte dans un wagon sans être encore impressionné par une admiration constante pour la puissance de la vapeur et pour le génie des inventeurs. Quand on songe que c’est un rien apparent, un souffle, de la vapeur d’eau, qui emporte aujourd’hui ces millions et ces millions de kilogrammes au simple geste du mécanicien !… Il n’y a pas fort longtemps, je revenais de Constantinople par l’Orient-Express et j’entendais, non loin de moi, quelques passagers parler assez irrévérencieusement de la science, parce qu’elle ne prédit pas encore les tremblements de terre et ne permit pas d’éviter les catastrophes de la Martinique, de San-Francisco, de Valparaiso, et aussi parce que la médecine ne suit que de loin les progrès de la chirurgie, et nous laisse encore mourir assez misérablement. Les élégantes personnes confortablement assises dans un moelleux compartiment ne paraissaient pas se douter que, sans la science, elles ne traverseraient pas l’Europe en trois jours, l’Océan en six jours, sans rien changer à leurs heures de déjeuner, de dîner et de coucher. Elles ne paraissaient pas savoir que, pour leur procurer ces plaisirs ou ces avantages, il a fallu que le génie de l’homme devinât la puissance de la vapeur, de l’eau qui bout dans une marmite. Elles ne connaissent ni Salomon de Caus, ni Denis Papin, ni James Watt, ni Fulton, ni Stephenson, et n’ont aucune idée de la somme de travail intellectuel représentée par une locomotive. Ne semble-t-il pas, d’ailleurs, à la lecture des journaux quotidiens, que la science n’existe pas, et que
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