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PROJECTION OBSERVÉES SUR LE TERMINATEUR DE MARS.
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de grossissements variant de 350 à 520 diamètres. Les distances correspondant à ces rapprochements sont respectivement de 180 000 et 121 000 kilomètres. La Lune est éloignée de plus de deux fois 180 000 et de plus de trois fois 121 000 kilomètres. Et cependant nous pouvons observer à l’œil nu des projections brillantes sur le terminateur lunaire, projections causées par les chaînes de montagnes ou les cirques de notre satellite. Lorsque les montagnes entourant le golfe des Iris sont sur ce terminateur, on se demande ce que peut être cette surélévation brillante que l’on distingue à l’œil nu. On n’a du reste qu’à examiner des photographies de la Lune, à tous les âges de la lunaison, pour voir à quel point les montagnes en relief le long du bord éclairé peuvent devenir évidentes. Ces projections ne peuvent jamais se voir à l’œil nu sur la circonférence du disque lunaire. Si donc nous pouvons observer des proéminences sur le terminateur lunaire, à une distance de 384 000 kilomètres, sans la vision télescopique, on ne peut nier que nous puissions apercevoir des phénomènes semblables sur le terminateur de Mars, lorsque sa distance équivalente au grossissement télescopique est inférieure à la moitié de la distance de notre satellite.

Comme exemple, considérons l’observation de M. Perrotin du 10 juin et donnons à la proéminence sa hauteur maximum, 0″,2. La distance à la Terre de la planète était alors à peu près égale à 84 700 000 kilomètres. La longueur apparente de la projection serait donc 84 700 000 tang 0″,2 ou 82 kilomètres. En supposant la projection due à une chaîne de montagnes s’étendant jusqu’à la surface non illuminée de Mars, et à une hauteur au-dessus de la surface assez grande pour saisir les rayons du Soleil, tandis que les plaines voisines ne sont pas illuminées, la distance de l’extrémité extérieure de la chaîne de montagnes, illuminée au terminateur, serait égale à la longueur apparente de la projection divisée par le sinus de l’angle à Mars entre la Terre et le Soleil ; c’est-à-dire à

La hauteur approchée d’une montagne à une distance de 143 kilomètres du terminateur, pour être juste illuminée, serait[1]

ou un peu plus de 3 000 mètres seulement.

Toutes choses égales d’ailleurs, si les projections sont dues à des montagnes, celles vues en juillet devaient avoir une hauteur d’environ 3 000 mètres.

Il paraît ainsi que, pour que les montagnes sur Mars soient visibles dans des conditions favorables, il suffirait qu’elles fussent seulement d’une hauteur ordinaire, et absolument comparables à celles de la Terre ou de la Lune ; et récipro-

  1. « The approximate height of a mountain at a distance of 89,0 miles (143km) from the terminator, to be just illuminated, would have to be
     »