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PROJECTION OBSERVÉES SUR LE TERMINATEUR DE MARS.

polaires. Je ne sais si toutes les observations de M. Terby se rapportent aux mêmes régions ; c’est probable, et, dans tous les cas, ces points semblent offrir un caractère permanent.

Des régions blanches analogues à celles observées par MM. Schiaparelli et Terby ont été fréquemment observées à l’Observatoire Lick, en 1888, 1890 et 1892 ; mais les projections brillantes sur le terminateur, observées ici pour la première fois en 1890, sont d’une nature plus particulière, et sont peut-être, à part les calottes polaires, les phénomènes les plus intéressants que l’on ait jamais observés sur Mars. Nos observations pour 1890 sont décrites dans les Publications de la Société astronomique du Pacifique, vol. II, p. 248-249. Nous disions :

« Le phénomène remarquable de points lumineux se projetant au delà du terminateur de Mars et présentant à peu près l’aspect des montagnes et cirques lunaires vus de profil au bord de la Lune, a été bien constaté à l’aide du grand équatorial, les 5 et 6 juillet. Un dessin fait par M. Keeler montre une tache blanche, étroite et elliptique, longue de 1″,5 à 2″,0, et paraissant projetée en bas (vers le Nord), en formant un petit angle avec la ligne du terminateur. La définition était alors excellente, et à 10h 30m la tache était encore sur le disque, visible comme une ellipse blanche ressortant sur un fond plus sombre.

» Le 6 juillet, le même aspect a été observé avec plus de soin par MM. Holden, Schæberle et Keeler. M. Holden a vu à 8h 3m une tache protubérante qui se recourba vers le haut à 8h 45m pour en rencontrer une plus petite, 2″ environ plus au Sud. M. Schæberle crut saisir une liaison très faible entre ces deux taches.

» La tache inférieure, bien qu’elle eût changé considérablement de forme, resta néanmoins visible pendant plus d’une heure, et parut toujours située à l’extrémité d’un long isthme de la surface de la planète, au nord de Deuteronilus. L’explication la plus simple du phénomène est ainsi que ces taches étaient considérablement plus élevées que la surface générale de la planète. Vers 10h 25m du 16 juillet, l’aspect était à peu près le même que celui de la tache vue la veille, et se montrait, à n’en pas douter, au même endroit de la planète. »

On a pu prendre des dessins très soignés de ces aspects bizarres.

Il faut dire que la planète n’avait pas été observée les jours précédant et suivant les 5 et 6 juillet, de sorte qu’on ne saurait dire pendant combien de nuits ces projections ont persisté.

Ces phénomènes étaient réels : ils n’étaient pas causés par l’irradiation. Non seulement les points étaient élevés au-dessus du terminateur théorique, mais les plus brillants d’entre eux se recourbaient vers le Nord dans une position parallèle au terminateur, et l’extrémité boréale de cette courbe était séparée de la partie non illuminée du disque par une ligne noire de largeur appréciable.

La latitude de la tache principale était à peu près de +40°. Nous avons