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OBSERVATIONS DE M. PERROTIN.

et le Gange qui en descend. Le bord du limbe, à droite, était très lumineux ; le terminateur, à gauche, était, au contraire, estompé, à l’exception de la région de la protubérance.

Nous avons déjà vu plus haut (p. 53) qu’en 1890, l’opposition ayant eu lieu le 27 mai, on observa le 5 juillet suivant, au grand équatorial du mont Hamilton, une tache blanche en dehors du terminateur, alors à droite ou à l’Est. On la suivit pendant une demi-heure et on la vit arriver sur le disque, par la rotation de la planète. Elle y resta quelque temps visible. Même observation le lendemain par MM. Holden, Schæberle et Keeler. C’était vers 40° de latitude boréale et 45° de longitude, sur la blanche région du Tempé (voir plus haut, p. 54).

En 1892, l’opposition ayant eu lieu le 4 août, des observations analogues ont été faites au même observatoire, par les mêmes astronomes, plus MM. Hussey et Campbell, du 2 au 17 juillet, sur le terminateur, alors à gauche ou à l’Ouest. Les projections se trouvaient entre les latitudes australes 30oet 50°, à l’exception d’une ou deux petites vers 25°. C’était la brillante région Noachis qui passait alors au terminateur.

Les projections observées à l’Observatoire de Nice se trouvaient, l’une vers 50° également de latitude australe et 335° de longitude, ce qui n’est pas très éloigné de la Noachis, l’autre vers 30° et 230°, au sud de l’Hespérie.

Celles observées à Juvisy se sont montrées, dans trois observations des 21, 23 et 24 août 1894, vers 350° de longitude et 40° à 45° de latitude sud, ce qui tombe sur la Noachis. Le 24 août, une seconde, moins sûre, se montrait vers 50° à 55° de latitude, au sud de la Noachis.

Ces apparences peuvent être expliquées par des nuages élevés illuminés par le Soleil, soit à l’aurore, soit au crépuscule, et aussi par des neiges sur des cimes alpestres. Mais elles n’impliquent que des hauteurs de 3 000 mètres, ce qui n’a rien d’extraordinaire. Nous y reviendrons à propos des observations de 1894.

Déjà, en 1883, j’avais écrit dans la onzième édition des Terres du Ciel :

« On a de temps en temps remarqué à la surface de Mars quelques points d’une éclatante blancheur que l’on a à juste titre considérés comme représentant des montagnes couvertes de neige. Les observations sont assez concordantes pour montrer que ces points blancs ont certainement existé. Quelquefois, cependant, c’est en vain qu’on les a cherchés, sans doute précisément parce qu’alors les neiges étaient fondues. Signalons entre autres, dans l’océan Képler, vers le 48e de longitude et le 25e de latitude sud, le district auquel on a donné le nom d’île neigeuse, qui se trouve loin des régions polaires. Tous les faits observés s’ac-