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CHANGEMENTS SUR LA PLANÈTE MARS.

Examinées avec un prisme à double image, ces taches, lorsqu’elles sont voisines du limbe, paraissent présenter de faibles traces de polarisation. Elles sont très foncées et peuvent sans doute être considérées comme de véritables mers, ce qui n’est pas le cas pour toutes les taches sombres.

M. Pickering accompagne son article des six croquis ci-après, qu’il présente avec le nord en haut. Ainsi placés, ils sont d’une lecture difficile. Nous les reproduisons néanmoins tels qu’ils ont été publiés par la Société Astronomique du Pacifique et par la revue Astro-Physics. Le meilleur moyen de s’y reconnaître sera donc de retourner cette page, le haut en bas.

Les limites de la mer équatoriale (fig. 2), écrit l’observateur, sont nettement définies. Elle mesure 1 300 milles de longueur, de l’est à l’ouest, et 200 milles de largeur[1], en moyenne, avec deux baies profondes légèrement courbées, dirigées vers le sud, à son extrémité occidentale. La surface totale est de 275 000 milles carrés. La forme de la mer du Nord (fig. 3), est celle d’un quadrilatère irrégulier de 750 milles de long sur 600 de large. Au nord, ses contours sont aussi nettement définis que ceux de l’autre mer, mais au sud elle est bordée d’une zone grise sombre qui ne paraît jamais bleue et qui doit être plutôt continentale. Son aire est presque égale à celle de la mer équatoriale, et d’environ 225 000 milles carrés. Ainsi les mers martiennes ne surpassent pas en étendue un demi-million de milles carrés. C’est exactement la moitié de la surface de la Méditerranée. C’est extrêmement peu, comparé au globe terrestre. Le climat de la petite planète doit être de ce fait le plus sec des deux et il doit y avoir là plus de déserts qu’ici.

Les régions vertes situées près des pôles disparaissent presque entièrement après l’équinoxe de printemps, d’après les observations de 1890. Celles de 1892 confirment le fait.

L’observation du pôle sud a été fructueuse. Le 23 juin, la limite nord des neiges était à la latitude 65°, ce qui correspondrait pour notre hémisphère boréal aux latitudes de la Sibérie, de l’Islande et de l’Amérique britannique boréale. Comme cette date ne représentait que trente jours après l’équinoxe de printemps, la ligne de fusion des neiges était plus voisine du pôle qu’elle ne l’est sur la Terre. La surface de ce cap neigeux couvrait 2 400 000 milles carrés. On apercevait un point noir vers le centre. Cette tache noire s’est agrandie rapidement et a formé une ligne coupant le cap en deux. Ce cap neigeux a fondu rapidement, si rapidement même que nous sommes forcés de penser que ce dépôt de neige ou de glace est beaucoup moins épais que les glaces de nos pôles. Mais cela n’implique pas pour cela un climat plus chaud, simplement plus sec. Si la neige tombe sur une moindre épaisseur, une plus grande proportion de la chaleur absorbée dans les hautes latitudes peut être employée à élever la

  1. Nos lecteurs savent que le mile anglais — 1 609 mètres.