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LA PLANÈTE MARS.

terrestre, esser notabilmente più chiaro due o tre giorni avanti la congiunzione

che dopo, cioè quando noi la veggiamo avanti l’alba in oriente, che quando si vede la sera dopo il tramontar del Sole in occidente ; della qual differenza ne è causa, che l’emisferio terrestre, che si oppone alla Luna orientale, ha poco mare e assaissima terra, avendo tutta l’Asia ; dovecchè quando ella è in occidente, riguarda grandissimi mari, cioè tutto l’Oceano Atlantico sino alle Americhe. Argomento assai probabile del mostrarsi meno splendida la superficie dell’acqua che quella della terra. »

Comme on le voit, pour Galilée, l’eau est plus foncée que le sol ; il fait l’expérience à son interlocuteur en versant de l’eau sur le pavé, qui s’assombrit à l’endroit mouillé parce que la surface liquide est plus plane et plus unie que la surface sèche, pleine de petites aspérités, et il ajoute que la lumière cendrée de la Lune, due à la réflexion de la lumière terrestre, est plus intense le matin que le soir, au dernier quartier qu’au premier, parce qu’alors c’est le vaste continent d’Asie qui est tourné vers la Lune orientale, tandis que le soir, aux premiers jours de la Lune occidentale, c’est l’Atlantique obscur. Sans décider si les taches sombres de la Lune représentent des mers, l’immortel astronome ajoute plus loin que, dans tous les cas, elles représentent des plaines unies, tandis que les régions claires sont montagneuses et hérissées d’aspérités.

L’opinion de Galilée a été généralement admise par les astronomes, non point en vertu de l’adage Magister dixit, mais parce qu’elle est rationnelle et justifiée. L’eau, vue d’un point perpendiculaire au-dessus d’elle, est plus foncée que le sol, même couvert de verdure, à part quelques exceptions. Dans mes voyages en ballon, je l’ai très souvent constaté. Il y a, dis-je, des exceptions. Ainsi, passant un jour en ballon au-dessus de la Loire, je l’ai trouvée plus claire que les prairies avoisinantes et d’un ton jaunâtre accentué. C’est parce qu’il y avait fort peu d’eau et que les bancs de sable jaune illuminés par le Soleil rayonnaient vers nous une vive lumière. Les expériences de Secchi sur les bords de la Méditerranée ont établi, si j’ai bonne mémoire, qu’à plus de 30 mètres d’épaisseur, le fond est invisible et l’absorption de lumière presque totale.

Le cas de la baie de San-Francisco cité par M. Schaeberle n’est pas une preuve, car l’eau, à cette incidence, réfléchit la lumière du ciel. La blancheur de la baie de San-Francisco, comparée au paysage environnant, est due à la réflexion, par les arêtes des vagues, de la lumière solaire, aussi bien que de la lumière bleue du ciel. Sur Mars, cette seconde cause n’existe pas, étant donné que la diffusion lumineuse atmosphérique est à peu près nulle, même au bord du disque, où la couche gazeuse offre, natu-