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LA PLANÈTE MARS.

bord de Mars il y a un accroissement graduel dans l’éclat régulier des régions claires vers le centre de la planète.

4o Si les régions foncées étaient de l’eau, elles devraient être, d’après ce qui vient d’être dit, moins sombres près du centre. Au contraire, les observations montrent que ces taches y sont plus sombres, plus marquées, en contraste plus fort avec les claires.

5o À certaines époques qui ne peuvent pas être prédites, certaines régions limitées, correspondant à des parties de vastes surfaces claires et ordinairement bordées sur deux ou plusieurs côtés par des taches foncées, se montrent plus brillamment illuminées que d’autres régions du disque, comme si la surface réfléchissante était dans un état d’agitation capable de produire l’effet observé, lequel ressemble à celui qui est produit par le contraste d’une eau calme et d’une eau agitée. J’ai invariablement observé ces aspects sur les régions claires, ajoute l’auteur, à l’exception des caps polaires.

6o Croisant les taches sombres, des raies ou bandes plus foncées encore les traversent en lignes droites le long de centaines de kilomètres. L’une des extrémités de ces lignes se termine ordinairement dans la région équatoriale au point où les taches sombres s’avancent dans les contrées brillantes, et ce qu’on appelle des canaux paraît être la continuation de ces raies foncées. Lorsque ces raies intersectent le limbe de Mars, on voit souvent (notamment en juin et juillet derniers) des projections brillantes en dehors du terminateur, indiquant que les raies foncées sont des chaînes de montagnes élevées au-dessus du niveau moyen et devenant brillantes en se projetant sur un fond noir.

7o Dans cette manière de voir, les canaux représenteraient des crêtes de chaînes de montagnes presque entièrement immergées dans la mer. Les dédoublements de ces lignes représenteraient des crêtes parallèles, comme on en voit bien des exemples sur notre globe.

8o Comme argument de conclusion en faveur de la théorie que les régions sombres représentent la terre ferme et que les régions claires représentent la mer, l’auteur cite l’observation suivante :

« À 25 milles (40 kilomètres) au nord-ouest du mont Hamilton se trouve l’extrémité inférieure de la baie de San-Francisco. Par le beau temps, la contrée entière du mont Hamilton à San-Francisco, à une distance de 50 milles (80 kilomètres), est parfaitement visible. Or, à toutes les heures du jour, la surface de la baie de San-Francisco vue du sommet du mont Hamilton est beaucoup plus claire que les montagnes et les vallées à la même distance, quoique la ligne de vue fasse un angle de plus de 87° avec la normale à la surface de la baie et que la position de l’observateur varie de toutes façons, depuis l’heure à laquelle il se trouve en ligne droite entre la baie et le Soleil, jusqu’à celle à laquelle le Soleil est presque dans la direction de la baie.

» Les réflexions internes dans une atmosphère non parfaitement transparente doivent tendre à rendre une surface d’eau située au-dessous plus claire qu’une surface de terre dans la même position. »