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LA PLANÈTE MARS.

opposition présentant les mêmes saisons que celles de 1877 à 1881, lorsque la Grande Syrte était à son minimum de largeur. Pendant l’opposition actuelle de 1898-1809, la grande mer paraît avoir la même configuration que de 1879 à 1882. Comme déduction de ces faits, nous pouvons dire qu’en général les variations de la Grande Syrte, dues aux saisons, correspondent à un desséchement ; en 1894 et 1896, ce desséchement est arrivé plus tard, car il y a eu, en ces années, une abondance extraordinaire d’humidité, qui s’est traduite par une teinte sombre persistante de la végétation. Cette hypothèse de l’abondance de l’eau aux deux dernières oppositions est confirmée par le fait qu’en 1894 les projections sur le terminateur dues à des nuages ont été extrêmement nombreuses.

La Libye, qui était autrefois si remarquable par son éclat, a été encore vue cette année très brillante. J’ai observé une bande blanche, presque continue, s’étendant de la Libye, à travers la région de la Neige Atlantique de Schiaparelli, jusqu’au nord de Nilosyrtis. En un point situé près de l’extrémité boréale de ce canal, j’ai aperçu une tache brillante, sur son bord méridional. Le promontoire Edom s’est montré avec sa visibilité habituelle. J’ai en plus aperçu une fois une ligne longue, très étroite et brillante, vers la limite méridionale extrême de la calotte polaire, aux longitudes de la Mer du Sablier et de la Baie du Méridien.

Elysium se présente comme dans les anciens dessins d’il y a vingt ans, c’est-à-dire entouré d’un cercle de taches sombres, résolubles cependant en canaux et oasis. Au lieu des canaux doubles du côté sud-est, j’ai eu l’impression d’un système de canaux inclinés sous des angles faibles et formant des triangles ; ainsi Cerbère est apparu comme un triangle isoscèle étroit, avec son sommet pointu vers le Sud-Ouest, et il en est de même de Hadès dont la pointe est dirigée vers le Sud.

Indépendamment des canaux observés sur les régions continentales, les dessins nous en montrent quelques-uns dans les parties sombres de la planète aux mêmes positions à peu près que ceux notés en 1894 et 1896. En vertu de l’éclaircissement ou du desséchement notable de la région de la Grande Syrte, nous avons pu distinguer des détails d’un puissant intérêt, surtout dans les parties les plus sombres de la grande mer. Sans doute, l’étude de ces régions est rendue ingrate par l’inclinaison au delà de nous du pôle sud, ce qui ne nous permet de les voir que sous une obliquité considérable. Les mers plus australes que la Grande Syrte montrent dans leur système canaliforme une analogie très grande avec ce que nous avons observé pendant les deux dernières oppositions.

D’autre part, les régions boréales, telles que la Mer Acidalienne, le Lac Niliacus, le Ceraunius, etc., se voient avantageusement, montrant une structure de canaux semblable à celle des taches sombres de l’hémisphère austral.

Nous pourrions rapprocher ici de notre sujet quelques points d’une importance historique. En 1862, Lockyer et d’autres ont pris quelques dessins montrant des traînées mal définies et sans importance dans les régions sombres. En 1877, Van Erthorn, se servant d’un instrument d’un peu plus de 4 pouces d’ouverture, a