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LA PLANÈTE MARS.

restreintes en 1894. Le Lac Tithonius s’entrevoit de temps en temps, bien que l’on ne puisse pas le tracer jusqu’à Auroræ Sinus. Le Lac de la Lune, plus évident que ceux du Soleil et Tithonius, paraît très foncé ; c’est du reste là l’aspect qu’il a offert aux deux dernières oppositions. On voit assez bien la Jamuna, très confuse, réunissant le Golfe de l’Aurore au Sinus Acidalius, puis le Gange et Nilokeras, diffus tous les deux, et formant les deux côtés égaux d’un triangle isoscèle ayant le Lacus Lunæ pour sommet et la Jamuna pour base (fig. 280).

À certains moments, les détails deviennent subitement confus, le bord de la planète perd sa netteté, et le Gange et le Nil se dédoublent pendant 1/3 de seconde.

9h 30m. ω = 101°. — Il n’y a presque pas de détails. Le Golfe de l’Aurore et le Lac du Soleil sont excessivement pâles. Au contraire, le Lac de la Lune se montre comme une tache noire isolée et visible du premier coup d’œil. Ceraunius traverse le disque de temps en temps dans le sens Nord-Sud comme une traînée large, mais à peine accusée. Rien de particulier dans les régions de la Mer Acidalienne, affaiblie par l’obliquité, ni dans celle du Palus Mæotis, qu’on n’aperçoit que comme un estompage presque invisible. Les régions australes se montrent blanchâtres au-dessus de Thaumasia ; il est à remarquer ici qu’il y a une demi-teinte dans la Mer Australe, au sud de Thaumasia, reconnaissable surtout sur les dessins du capitaine Molesworth en 1896-1897, ainsi que sur la carte de Proctor (1888), qui lui a donné le nom de « Terre brumeuse ». (Voyez Tome I, p. 401.) Il paraîtrait donc que les blancheurs en question sont des précipitations de la vapeur d’eau de l’atmosphère martienne sous forme de gelée blanche, sur une terre analogue aux autres îles australes qui blanchissent proportionnellement à l’obliquité des rayons solaires.

10h 0m. ω = 109°. Image un peu meilleure. — Mêmes aspects. On voit toujours les Lacs du Soleil et de la Lune, le premier à peine perceptible, diffus et large, le second tout petit et noir dans le voisinage du limbe occidental. Indépendamment des détails vus jusqu’ici ce soir, on reconnaît maintenant l’arrivée de la Mer des Sirènes, émergeant du terminateur. Il est à remarquer que le Golfe Aonius est absolument invisible. Aucune trace de la Neige Olympique, observée vers 129° de longitude et +21° de latitude, par M. Schiaparelli en 1879.

Ce qu’il y a de plus remarquable actuellement, c’est que le Lac du Soleil est très pâle, tandis que le Lac de la Lune est très foncé.

20 février, 6h 20m. Diamètre = 12″,3. ω = 28°. φ = +8°,5. Bonne image, bien que l’air soit agité de temps en temps. — La calotte polaire est toujours assez étendue, quoique sa dimension dans le sens du méridien central soit un peu réduite par suite de la diminution de la latitude boréale du centre. L’objectivité de la bande sombre enveloppant ces neiges est douteuse. Les îles de la Mer Érythrée sont blanchâtres ; on ne voit pas la forme particulière de chacune de ces terres, mais bien une blancheur continue, sans limites précises. La Baie du Méridien va se coucher au limbe occidental : elle est bien sombre. Le Golfe des