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LOWELL. — MARS.

traduire ici le savant article qui leur a été consacré dans la revue anglaise Nature par M. J.-S. Lockyer. Voici cet article :

Il y a environ trois ans, nous avons signalé dans ces colonnes (Nature, vol. XVII, p. 553), l’Ouvrage devenu si rapidement classique de Camille Flammarion sur La planète Mars. Cet Ouvrage est l’exposé de toutes les observations faites depuis les plus anciennes jusqu’à nos jours. Tout y est discuté de main de maître, comme on devait s’y attendre. Depuis cette époque, la surface de la planète a été étudiée par les observateurs des diverses parties du Globe, et leurs observations ont été publiées en des journaux variés et en un grand nombre de langues. Les observations les plus importantes, ou tout au moins les séries les plus suivies, émanent de Flagstaff (Arizona), M. Percival Lowell s’étant à grands frais muni de bons instruments et établi dans cette région pour faire une étude systématique des configurations de la surface durant l’opposition de la planète en l’année 1894.

On peut d’abord se demander pourquoi un observateur a choisi un endroit si éloigné, lorsque tant d’excellents instruments existent et fonctionnent en des régions beaucoup plus proches. Or, pour une étude des détails planétaires, il ‘faut, avant tout, une atmosphère calme et pure, la dimension des instruments, comme le dit M. Lowell, étant tout à fait de seconde importance. Pour nous en convaincre, il nous suffit de nous rappeler comment Schiaparelli, avec un instrument de dimension moyenne, fit ses belles découvertes des canaux et de leurs dédoublements, lorsque nul observateur, même avec des instruments deux fois plus forts que le sien, n’avait pu distinguer ces lignes délicates. Il est bien reconnu, parmi les astronomes, que cet observateur est doué d’une excellente vue, mais ce ne serait pas là une raison suffisante pour expliquer ces grandes différences.

M. Lowell désirait installer ses instruments dans les meilleures conditions possibles ; c’est pourquoi il se fixa définitivement dans l’Arizona ; non seulement la planète pouvait y être observée près du zénith, mais l’observation prouva que l’atmosphère est en cette région plus pure et plus tranquille que partout ailleurs.

L’astronome américain a résumé ses observations et leurs conclusions dans son Livre[1]. Ces observations ont été faites par lui et par ses associés, M. W.-H. Pickering et M. A.-E. Douglass.

On pourrait penser tout d’abord qu’un Livre sur Mars, pour prendre un rang élevé dans la littérature sur l’astronomie planétaire, doit tenir compte dans une grande mesure des travaux antérieurs faits par d’autres observateurs. Il peut y avoir des exceptions à cette règle normale, et c’est le cas de l’observateur américain. M. Lowell a voulu présenter sa magnifique série d’observations (série tout à fait unique sous le rapport du nombre de jours consécutifs d’observation) et en tirer, si possible, des conclusions plausibles. L’équation personnelle

  1. Mars, by Percival Lowell, Boston et New York, 1896.