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LA PLANÈTE MARS.

Quant à la gémination, quoi qu’en dise M. Brenner, nous continuerons à lui attribuer un caractère optique.

Nous demanderons, en terminant de commenter sommairement une phrase tirée encore du même article : « L’idée avancée par trois observateurs que la duplication doit être attribuée à une mise au point défectueuse n’est pas soutenable, car ce serait admettre l’inadmissible que de penser qu’un observateur tel que Schiaparelli ne saurait mettre son oculaire au point. »

Si M. Brenner n’a que des objections de ce genre à opposer à la théorie du caractère optique de la gémination, il peut être sûr que cette hypothèse fera son chemin. C’est sans doute une fine politique de laisser croire au public que l’habileté et l’autorité de M. Schiaparelli entrent en jeu dans l’affaire, mais il suffit de lire ce que l’un de nous écrivait il y a quelques mois à ce sujet pour être édifié sur notre pensée intime :

« Ce que nous avons vu suffit pour montrer à quel point doivent être fréquentes les causes d’erreur dans les observations astronomiques. L’observateur le plus consciencieux peut s’y laisser prendre, et je serai le dernier à faire un reproche à M. Schiaparelli de la découverte de la Gémination apparente des canaux de Mars. Tout au contraire, cette constatation montre à tous jusqu’où l’éminent astronome a poussé l’honnêteté scientifique, en signalant des phénomènes aussi fugitifs et aussi difficiles à observer. »

À l’encontre de M. Brenner, nous ne ferons pas à M. Schiaparelli l’injure de lui croire cette puissance presque divine de pouvoir mettre au point à un dixième de millimètre près l’oculaire d’une lunette de 18 ou 24 centimètres, et de déterminer avec autant d’exactitude l’endroit où se forme l’image d’une planète, surtout quand l’atmosphère est agitée.

C’est de la discussion que jaillit la lumière, dit un vieux proverbe. Décidément, adhuc sub judice lis est.

ccxliii.Flammarion. — Nouveau globe de la planète Mars.

À la séance de la Société astronomique de France du 4 mai 1898, le président a présenté à la Société un nouveau globe de la planète Mars, publié à la librairie scientifique Bertaux. Nous extrayons du procès-verbal de cette séance les lignes qui concernent cette présentation :

M. Flammarion offre à la Société le nouveau globe de la planète Mars qu’il vient de publier. Son premier globe était paru, comme on s’en souvient, en 1884. Depuis cette époque, nos connaissances ont été avancées et modifiées, et la géographie de Mars ou aréographie s’est considérablement développée. Il devenait nécessaire de construire une nouvelle sphère représentant l’état actuel des découvertes. Le dessin en a été fait avec le plus grand soin, sous la direction de