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W.-H. PICKERING. — MERS ET CANAUX.

nôtres ? À une pareille distance du Soleil, n’est-il pas surprenant que la neige disparaisse entièrement en été, tandis que la nôtre reste avec une telle persistance ? Si, d’après mon hypothèse, l’eau ne s’y trouve qu’en faible quantité, et surtout distribuée par évaporation et par condensation, nous aurions un climat à grands écarts de température sur la planète, avec des journées chaudes et des nuits froides. Les calottes polaires ne seraient ainsi pas réellement de la neige, mais de la gelée blanche, dont la profondeur, au lieu d’être de plusieurs mètres, ne serait, en général, que d’une fraction de mètre.

Examinant enfin la question à un autre point de vue, si Mars a une atmosphère, son ciel doit être plus ou moins brillant dans la journée et doit, par suite, être réfléchi par les surfaces de ses mers. Lorsque la lumière est réfléchie de la surface de l’eau, elle est en partie polarisée dans toutes les directions, sauf la verticale. J’ai examiné plusieurs fois, à Aréquipa, la surface des prétendues « mers » avec un prisme à double image, et à Flagstaff avec le polariscope Arago, qui est plus sensible. Une fois ou deux, à Aréquipa, j’ai cru trouver quelques traces de polarisation dans une partie exceptionnellement sombre de la Grande Syrte. Comme ce phénomène a été constaté juste après la fonte de la calotte polaire, il est possible qu’il y ait eu quelques marais en cet endroit. Cependant, je n’en ai jamais été sûr, et à Flagstaff, à l’aide d’un instrument beaucoup plus sensible, je n’ai pu trouver la moindre trace de polarisation dans n’importe laquelle des prétendues « mers ». Mais, en même temps, la surface bleu noir entourant la calotte polaire au moment de la plus rapide diminution d’étendue a montré une polarisation très marquée, ce qui confirme mon impression que le phénomène était dû à la présence de l’eau dans cette région.

Je suis amené à croire que les prétendues « mers » ne sont autre chose que des surfaces étendues de végétation, que les canaux sont également des surfaces de végétation, mais beaucoup plus restreinte, qui se développe de part et d’autre de cours d’eau comparativement étroits et invisibles, et que les surfaces rougeâtres sont des déserts, qui, en vertu du manque d’eau, sont beaucoup plus étendus que ceux que nous rencontrons sur notre Terre.

Les stations d’Aréquipa et de Flagstaff sont, toutes les deux, situées sur des régions désertes élevées et ont, par conséquent, en vertu de leur situation près des tropiques, une atmosphère extrêmement favorable aux investigations astronomiques. Dans ce cas, je crois que mes confrères et moi, nous avons vu la planète dans des circonstances plus favorables que celles de n’importe quel autre observateur. Je fais cette constatation parce que je tiens à rappeler ici le fait que je n’ai jamais vu les canaux doubles, et je crois que M. Douglass, qui était avec moi et à Aréquipa et à Flagstaff, est de la même opinion, bien que je ne puisse pas parler avec autorité sur son compte.

D’autre part, l’article de M. Brenner a également reçu la réponse suivante :