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LA PLANÈTE MARS.

fait non pas sur son centre, mais à droite ou à gauche, en haut ou en bas, selon le sens de la diplopie, l’œil visant tout naturellement le centre de l’ensemble que les deux images constituent. Il s’ensuit donc que la cause efficiente de l’équation personnelle proprement dite réside dans cet effet physiologique, ou du moins que celui-ci y joue un rôle prépondérant.

» Envisagée au point de vue qui vient d’être exposé, l’équation personnelle permet d’expliquer des faits comme les suivants, dont la cause semblait fort obscure. D’après Fœrster et Littrow, le sens du mouvement de l’étoile a une influence marquée sur la grandeur de l’équation personnelle, et M. Flammarion a fait remarquer que l’œil ne juge pas de la même façon les lignes inclinées et les lignes verticales ou horizontales. En examinant les faits signalés par M. Rayet dans son intéressante Note sur les erreurs accidentelles des observations de passage (Comptes rendus, 18 juin 1888), on est frappé d’y découvrir le rôle que joue, dans ce genre de recherches, la déviation

» L’emploi de l’oculaire coudé permet de s’affranchir presque totalement de la susdite déviation, »

On voit que, dans cette Note, il s’agit du dédoublement d’un point. Dans celle du 8 juillet, qui complète la précédente, l’auteur signale le dédoublement d’une ligne. Dans les deux cas, ces illusions d’optique peuvent évidemment être appliquées à l’explication de la gémination des canaux de Mars, si ces canaux existent, comme lignes visibles, ou comme points alignés.

On peut lire, dans la publication belge Ciel et Terre (1891, p. 223, 257, 285 et 307), une discussion sur le même sujet entre MM. de Boë, Dierckx, Schleusner et Terby. Ce dernier ne croit pas qu’un astronome exercé puisse être victime de cette illusion, parce que, lorsque les lignes fines sont vues doubles par suite du manque d’accommodation de l’œil, les grandes taches perdent de leur netteté. M. Schleusner croit, au contraire, que l’aspect des grandes taches n’indique rien d’anormal dans la vision.

Cette même théorie optique du dédoublement de ces lignes énigmatiques a été reprise en 1898 par M. Antoniadi, alors mon astronome-adjoint à l’Observatoire de Juvisy. Cet observateur a fait sur ce point la communication suivante à la séance du 2 mars 1898 de la Société Astronomique de France :

Je voudrais exposer en quelques mots les expériences entreprises à l’Observatoire de Juvisy dans le but de reproduire artificiellement les dédoublements des canaux de Mars, expériences qui tendent à montrer le caractère optique du phénomène.

Malgré tout le scepticisme de plusieurs autorités éminentes, nous ne pouvons nous empêcher de considérer les fameux canaux de Mars comme ayant une véritable existence objective.