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LE DÉDOUBLEMENT DES CANAUX.

les heures auxquelles l’illustre Directeur de l’Observatoire de Milan a observé ces dédoublements, l’inclinaison des lignes par rapport à la verticale jouant un rôle décisif dans la production du phénomène.

» Je profite de cette circonstance pour appeler sur ce point l’attention des astronomes, car le fait que plusieurs autres observateurs exercés et pourvus d’instruments puissants n’ont point vu les choses comme M. Schiaparelli donne lieu à penser que peut-être il ne s’agirait là que d’un effet purement subjectif.

» J.-J. Landerer,
» Astronome à Tortose (Espagne). »

Cette lettre renvoie aux Comptes rendus de l’Académie des Sciences des 4 février et 8 juillet 1889. Voici ce que nous lisons dans le premier :

« La Note que j’ai l’honneur de communiquer aujourd’hui à l’Académie a pour but de montrer que, entre des limites assez étendues, l’équation personnelle tient à un effet de diplopie aisément mesurable.

» On pratique au milieu d’un écran noir assez mince un petit trou rond d’un demi-millimètre de diamètre environ, on le place à la distance de la vue distincte ou un peu au delà, en le projetant en même temps sur un fond éclairé ; on le regarde de l’un des yeux, l’autre restant fermé, et au bout de quelques instants on saisit le dédoublement plus ou moins complet de l’image du trou.

» Chez moi, ainsi que chez un grand nombre de personnes, ce dédoublement s’opère dans le sens horizontal, de gauche à droite pour l’œil droit, de droite à gauche pour l’œil gauche. Chez d’autres personnes, c’est dans un sens vertical ou même incliné. Une seule, parmi celles qui ont essayé l’expérience[1], ne s’en aperçoit aucunement. L’intensité de l’image diplopique est un peu moindre que celle de l’image normale.

» En faisant varier la distance de l’écran à l’œil et aussi, si besoin est, le diamètre du trou, on parvient à obtenir par tâtonnement la tangence des deux images. En désignant alors par cette distance, par le diamètre du trou, soit l’intervalle allant du centre du trou réel à celui du trou apparent, par la moitié de l’angle que cet intervalle sous-tend, on a, en vertu de la petitesse de l’angle :

» Si l’on examine le trou à l’aide d’une loupe achromatique, le dédoublement disparaît par suite du rapprochement ; mais, en y regardant attentivement, on s’aperçoit que l’un des bords de l’image est légèrement estompé. C’est évidemment de ce côté que se trouve l’image diplopique.

» Ces faits prouvent que le pointé d’un petit disque lumineux, d’une étoile, se

  1. Elles sont au nombre de 26, parmi lesquelles je citerai MM. Jofre et Aguilera, commandants de l’État-Major, Hidalgo, Garcia, J. Miquel, officiers au même corps, M. Miquel, capitaine du Génie, le Dr Boned, médecin à l’hôpital de Valence.