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LA PLANÈTE MARS.

une des conséquences de l’attraction universelle, obéissent à la loi de la chute des graves : le carré de la vitesse est proportionnel à l’intensité de la pesanteur à la surface de chaque planète.

C’est donc une erreur manifeste d’attribuer à la faiblesse de l’attraction lunaire l’absence d’atmosphère autour de notre satellite ; il faut plutôt croire que la porosité du sol, attestée par le relief de la surface, a déterminé l’absorption rapide de l’eau d’abord, ensuite celle des gaz.

Il est non moins faux de dire que l’hydrogène, l’hélium et autres gaz légers ont quitté la Terre pour se concentrer autour du Soleil. Si ces gaz avaient le pouvoir de diffusion qu’on leur prête, aucun astre ne serait capable de les retenir. La théorie cinétique repose sur l’exactitude de la loi de Mariotte. Or, au delà d’un certain degré de raréfaction, la diminution de la pression est plus rapide que celle de la densité ; c’est une preuve que les vitesses moléculaires décroissent aussi. Aux limites de notre atmosphère, où la température est très basse, ces vitesses sont donc loin d’atteindre les chiffres que la théorie donne pour les couches inférieures.

En résumé, les calculs et raisonnements sur lesquels on s’appuie pour expliquer, d’après la théorie cinétique, l’absence de gaz légers, ou même l’absence totale d’atmosphère autour des planètes et de leurs satellites, paraissent dénués de tout fondement.

Ces objections faites à la conservation des agglomérations cométaires sont sérieuses ; il ne faut pas oublier cependant :

1o Que les comètes peuvent être constituées par des gaz de forte densité ; leur étude spectroscopique révèle, en effet, les raies propres aux hydrocarbures ;

2o Que, dans la théorie de la dissipation, le facteur temps joue un rôle très prépondérant si l’on ne se trouve pas dans les conditions où une forte fraction des molécules possède la vitesse d’échappement. Or, les comètes sont, dans la majeure partie de leur parcours, tellement éloignées du Soleil, que leur température est extrêmement basse et, aux époques où leur température s’élève, par exemple au voisinage de celle de la Terre, la durée en est trop courte pour que l’on puisse envisager une sérieuse tendance à la dissipation.

L’ensemble des objections s’ajoute, néanmoins, à celles que nous avons précédemment exposées.

ccxl.Le dédoublement des canaux de Mars.

Nous avons vu, par les observations de M. Schiaparelli et d’autres astronomes, que parfois, et pendant des temps assez longs, les canaux de Mars