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LES ATMOSPHÈRES DES PLANÈTES.

contres gazeuses, les molécules qui l’occupent arrivent du dessous et sont si séparées qu’elles peuvent à peine se rencontrer. Un grand nombre d’entre elles décrivent des trajectoires elliptiques et redescendent dans la couche Y. Si quelques-unes décrivent des trajectoires hyperboliques, elles quittent l’atmosphère terrestre, et plusieurs de celles qui circulent elliptiquement peuvent aussi s’en affranchir si elles s’éloignent assez pour subir l’influence perturbatrice du Soleil ou de la Lune.

Il peut s’en échapper aussi des couches Y et X, mais incomparablement moins. Ces trois couches sont toutes d’une grande profondeur, à cause de la raréfaction de l’air aux altitudes supérieures. Elles passent insensiblement l’une dans l’autre, mais peuvent, néanmoins, être aussi distinctes dans l’atmosphère que le sont le menton, les joues, les tempes et le front dans la figure humaine, quoiqu’il n’y ait aucune ligne de démarcation définie.

D’après cet exposé, presque toutes les molécules qui s’échappent de l’atmosphère terrestre proviennent des couches extérieures, de 10 à 20 kilomètres à partir d’en haut. La loi de Maxwell ne s’applique plus à ces régions. La loi de cet échappement, si nous pouvions la découvrir, écrit l’auteur « would doubtless be utterly unlike Maxwell’s law or either of its successors ».

Il ajoute qu’il faudrait aussi tenir compte de l’exposition de ces molécules extérieures à l’action directe de l’énergie lumineuse et calorifique du Soleil, qui n’est plus modérée par son passage à travers l’atmosphère.

M. Johnstone Stoney conclut que : 1o c’est une erreur de supposer que la loi de Maxwell gouverne la distribution des vitesses dans cette zone extérieure de l’atmosphère, de laquelle seule les molécules s’échappent ; 2o que la vraie loi de distribution, quelle qu’elle soit, n’a qu’une connexion partielle avec le taux d’émigration, à cause des conditions et des circonstances variables de la position des molécules.

Finalement, l’auteur ne se flatte pas d’avoir trouvé une loi. Il déclare seulement qu’il raisonne a posteriori sur ces deux faits d’observation :

1o Que la Lune est actuellement sans atmosphère ;

2o Que la Terre a été capable de retenir la vapeur d’eau dans son atmosphère.

Et que l’état actuel de nos connaissances en Physique moléculaire ne permet pas d’établir de loi a priori.

Un appendice sur « la manière d’être de l’hélium dans l’atmosphère terrestre » est ajouté aux considérations précédentes, dans le but de déterminer si nous devons attribuer les neiges polaires de Mars à l’eau ou à l’acide carbonique. Il ne nous paraît guère plus sûrement fondé que tout ce qui précède, mais notre devoir est de ne rien négliger.

L’hélium s’échappe-t-il de la Terre ? L’essai de réponse à cette question