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LA PLANÈTE MARS.

fesseur Bryan[1] et le soumit à une nouvelle analyse[2]. La question paraît d’autant plus compliquée qu’elle est étudiée avec plus de soins.

D’après les calculs de Maxwell et de Boltzmann, les molécules de l’air se mouvraient si rapidement qu’au fond de notre atmosphère les rencontres, les chocs de ces molécules entre elles s’élèveraient pour chacune d’elles à sept ou huit millions par chaque millième de seconde ! Mais quelle infinie variété dans les chocs des molécules gazeuses ! Exposons un mélange d’égal volume d’hydrogène et de chlore à la lumière diffuse et un autre à la lumière solaire. Dans la première condition, les gaz se combineront lentement et formeront de l’acide chlorhydrique. En d’autres termes, l’échange des atomes chimiques entre deux molécules qui se rencontrent dépend, en lumière diffuse, de quelque procédé inusuel de rencontre qui n’arrive que très rarement au point de vue moléculaire. En lumière intense, cette sorte de rencontre est encore rare au point de vue moléculaire, mais la combinaison des gaz s’opère avec une rapidité explosive. Dans les deux cas, après un laps de temps suffisant, la réaction est complète. Chaque molécule est maintenant de l’acide chlorhydrique, c’est-à-dire que ce genre très rare de rencontre a atteint chaque molécule d’hydrogène et de chlore existant dans le mélange.

La marche des molécules est donc, en fait, le résultat d’une action inextricable de causes diverses.

Les estimations et les déterminations du nombre des molécules existant dans un gaz à la température et à la pression normales diffèrent beaucoup les unes des autres, mais peuvent toutes être résumées dans l’énoncé suivant :

Dans un centimètre cube de gaz, à la température et à la pression normales, il y a plusieurs trillions de molécules, le mot « plusieurs » restant assez vague, mais compris, cependant, entre 10 et 1 000.

Pour l’air, en particulier, ce nombre est compris entre 8 et 1 100. Dans un dixième de millimètre cube, le nombre des molécules d’air est de plusieurs billions. Et comme, d’après Maxwell, chaque molécule d’air éprouve de 7 000 à 8 000 millions de rencontres par seconde, en un vingt-cinquième de seconde, chaque molécule d’air, au fond de notre atmosphère, éprouve environ 300 millions de rencontres.

Les molécules d’air ne peuvent pas abandonner l’atmosphère, à moins qu’elles n’appartiennent à des régions supérieures, car elles seraient arrêtées par l’armée des autres molécules. Pour mettre un peu de clarté dans son examen — que l’auteur a peut-être tort de considérer comme pouvant être d’ordre mathématique — l’atmosphère est supposée partagée en autant de couches qu’il y a de lettres dans l’alphabet, A étant l’inférieure, où nous vivons, et Z l’extérieure, Y la seconde à partir du haut, X la troisième, etc. La couche extrême Z, à la limite même de l’atmosphère, est caractérisée par une absence presque totale de ren-

  1. Proceedings of the royal Society for April 1900.
  2. The astrophysical Journal, June 1900.