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LES ATMOSPHÈRES DES PLANÈTES.

Pour Mercure, la couche extérieure serait à −209° pour l’hydrogène, à +894° pour l’air et à +1 371° pour l’acide carbonique. Les mêmes limites seraient +20°,5, +5 051° et +7 408° pour Vénus ; et pour la Terre elles seraient +291°, +9 937°, +14 447°. Pour la planète Mars, ces mêmes limites seraient −195° pour l’hydrogène, +1 139° pour l’air et +1 807° pour l’acide carbonique.

Des conclusions précises ne pourraient être déduites pour la composition réelle des atmosphères planétaires que si nous connaissions la température des planètes et le gradient de leurs atmosphères. « Il semble néanmoins, écrit l’auteur, qu’une atmosphère analogue à celle de la Terre ne pourrait pas subsister à la surface de la Lune, mais le pourrait à la surface des planètes. La Terre et les grosses planètes pourraient non seulement conserver des atmosphères d’azote et d’oxygène, mais même d’hydrogène et d’hélium. »

Ces résultats sont bien différents de ceux des calculs de M. Johnstone Stoney[1].

Aussi, comme on pouvait s’y attendre, celui-ci a répondu[2].

« M. Cook, écrit-il, me reproche de n’avoir pas établi mon argument sur la détermination par la théorie cinétique du nombre relatif des molécules qui auraient une vitesse suffisante pour les faire s’échapper des atmosphères planétaires. C’est vrai. La raison en est que nulle détermination de ce genre n’existe, excepté celle que j’ai produite, dans laquelle les données étrangères à la théorie cinétique sont employées pour compléter les enseignements de cette théorie. Ces données auxiliaires sont : 1o que la Lune n’a pas conservé d’atmosphère, et 2o que la Terre et Vénus ont conservé la vapeur d’eau dans leurs atmosphères. »

Nous allons résumer cette réponse.

L’auteur déclare d’abord que lorsqu’il s’est occupé pour la première fois du problème il espérait en trouver la solution dans la loi de Maxwell sur la distribution des vitesses des molécules dans les gaz sous les conditions normales, mais que lorsqu’il vint à considérer le vrai sens physique de cette loi et ses limites il trouva qu’il s’arrête juste où l’on aurait besoin de l’appliquer, c’est-à-dire dans cette région extérieure d’une atmosphère de laquelle seule les molécules peuvent s’échapper.

De longues considérations sur les difficultés de l’observation des oscillations et des vitesses des molécules, dans les expériences de laboratoire, dans le radiomètre de Crookes, dans la fumée de tabac, dans les mouvements browniens, etc., conduisent l’auteur à être moins affirmatif, semble-t-il, que dans son premier travail.

Il revint sur le même sujet, discuté d’autre part en Angleterre par le pro-

  1. M. Bryan a publié, d’autre part, une série d’objections analogues dans la revue anglaise Nature.
  2. The astrophysical Journal May 1900.