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LA PLANÈTE MARS.

sphère) au taux de 478 mètres par seconde. De là une vitesse de 11015−478
10 537 mètres.

Cette vitesse suffira si la molécule est lancée dans la direction dans laquelle elle était entraînée par la rotation. Et, finalement, « si un fort vent d’ouest souffle là, ajoute-t-il, cette vitesse critique pourra être réduite à 10 500 mètres ».

Telle est, d’après M. Johnstone Stoney, la vitesse minimum dont une molécule doit être animée, à la limite de l’atmosphère, pour s’échapper de l’espace.

Cette théorie conduit l’auteur aux résultats suivants pour les différents corps du système solaire.

I.
SUR LA LUNE.

Le rayon 1 738 kilomètres.

Le rapport de sa masse à celle de la Terre 0,01235.

Sa période de rotation 2 360 591 secondes.

En calculant la vitesse minimum nécessaire pour envoyer un projectile hors de l’attraction de la Lune, on trouve 2 380 mètres par seconde, tandis que sur la Terre ce chiffre est de 11 015 mètres, lequel même, par le mouvement de rotation et les tempêtes, peut descendre à 10 500 mètres. Par conséquent, ajoute l’auteur, des gaz plus denses peuvent s’échapper du globe lunaire avec la même facilité que l’hélium de la Terre si leur masse moléculaire, est plus grande que celle de l’hélium, dans le rapport du carré de 10,5 au carré de 2,38, c’est-à-dire si les molécules sont 19,5 fois plus lourdes que celles de l’hélium, ou, ce qui est la même chose, 39 fois plus lourdes que celles de l’hydrogène. Donc l’hydrogène, l’oxygène, l’azote et la vapeur d’eau doivent s’échapper, et il en est de même de l’acide carbonique, de l’argon, etc., puisque tous ces gaz sont moins de 39 fois plus lourds que l’hydrogène. Et c’est d’autant plus sûr, que la température du sol lunaire est certainement inférieure à 66° au-dessous de zéro. Les expériences de lord Rosse faisaient même descendre le minimum jusqu’à −280°.

Il en résulterait que les gaz et vapeurs qui ont pu se produire sur la Lune aux temps primitifs, lorsqu’elle était voisine de la Terre, doivent avoir été pour la plus grande partie transportés sur la Terre, si celle-ci était déjà assez froide pour les retenir. Les molécules échappées de la Lune depuis que sa distance est plus considérable sont en général devenues indépendantes et circulent en anneau autour du Soleil, anneau dont l’orbite terrestre est la ligne centrale. Il y a là aussi les molécules d’hydrogène et d’hélium échappées du globe terrestre. Plusieurs de celles-ci peuvent même s’être affranchies du système solaire.