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LA PLANÈTE MARS.

garderons d’appliquer cette dernière aux probabilités trop faibles. Pour celles-ci, ou bien nous considérerons les vitesses correspondantes comme n’existant pas, et nous n’en tiendrons pas compte pour le calcul de la possibilité de conservation ou de dissémination des atmosphères, ou bien nous trouverons à ces vitesses des causes indépendantes de la simple probabilité indiquée par la théorie cinétique.

Les actions électriques, les effets de la lumière ultraviolette et diverses causes extérieures à la planète considérée peuvent communiquer momentanément à un groupe de molécules des vitesses très grandes.

Nous connaissons des vitesses de particules matérielles très supérieures à celles qu’il serait nécessaire de considérer pour expliquer l’éloignement indéfini d’un corps céleste. Les particules échappées des substances radioactives, les rayons cathodiques, qui jouent certainement un rôle important dans les aurores polaires, font intervenir des vitesses qui se chiffrent par mille et centaines de mille kilomètres par seconde ; mais ces phénomènes sont complètement indépendants de ceux que considère la théorie cinétique et doivent être traités à part.

Cela dit, reprenons l’étude des Mémoires de M. Johnstone Stoney.

Malgré les restrictions que nous avons été conduit à faire pour les cas extrêmes, il paraît certain que la théorie cinétique reste applicable à la conservation des atmosphères si l’on reste dans les conditions auxquelles répondent les hypothèses sur lesquelles repose cette théorie, c’est-à-dire si l’on considère des vitesses dont la probabilité donnée par les formules ne descend pas au-dessous d’une certaine valeur, que l’on peut admettre petite sans cependant aller jusqu’à des nombres qui ne semblent plus avoir de sens, appliqués à des phénomènes naturels. Cette restriction laisse encore une large place à l’appréciation personnelle, c’est-à-dire à l’arbitraire. Espérons que nos idées là-dessus pourront un jour se mieux préciser. Pour le moment, nous pourrons admettre, par exemple, que la théorie cinétique ne s’applique plus à des probabilités inférieures au milliardième, ce qui exclurait la considération de vitesses supérieures au quintuple de la vitesse la plus probable. Si de telles vitesses existent réellement pour un nombre appréciable de molécules, nous considérerons qu’elles sont dues à des causes étrangères au mouvement thermique, et nous les écarterons de ces considérations.

L’état actuel des atmosphères planétaires dépend non seulement des conditions qui règnent aujourd’hui à leur surface, mais plus encore des conditions passées. L’application de la théorie cinétique devra donc tenir compte des températures antérieures de la surface des planètes et de la